Ces émaux et ces oxydes représentée sur la photo servent à la coloration du verre quand il est en fusion.
Quelques exemples de couleur :
pour le bleu : l' oxyde de manganèse et le cobalt.
Jaune : l' argent et le chrome
Rouge : l' oxyde de cuivre
Orange : le sélénium
Rose : l' or
Violet : oxyde de manganèse
Le souffleur de verre vient posé sa canne de verre chaud dans la poudre d'émaux et il la tourne de façon selon ce qu'il souhaite obtenir comme intensité de couleur de la pâte de verre et l'emplacement sur la pièce qui n'a pas encore pris forme de vie.
Plus longtemps il tourne sa canne dans la pâte de verre, et plus la couleur sera intense.
La pâte de verre est
un matériau à partir duquel on produit des œuvres uniques ou en édition
limitée. Son caractère esthétique tient autant à la matière qu’à la
forme. Cette technique connaît un vif succès depuis la période Art
Nouveau. L’entreprise Daum a poursuivi la production d’œuvres en pâte de
verre. La région lorraine a été riche en grandes signatures. Toutefois
cette technique n’a été vraiment maîtrisé par quelques artistes. Les
véritables pates de verre ont
été produites par : Henri CROS (1840-1907), Albert DAMMOUSE
(1848-1926), Georges DESPRET (1862-1952), François DECORCHEMONT
(1880-1971), Amalric WALTER (1870-1959) et Jean-Gabriel ROUSSEAU
(ARGY-ROUSSEAU) (1885-1953). Emile GALLE (1846-1904), Grand
Maêtre-Verrier, génie, humaniste et poète reconnu dans le monde entier
n’a finalement pas réalisé de pièce pure pâte de verre. Il a su
révolutionné les techniques et matériaux. Mais son orientation
industrielle ne pouvait lui permettre de pratiquer cette technique.
Un matériau qui flatte les sens :
La pâte de verre est
une matière qui comporte des bulles, qui prend à la lumière un aspect
cireux, mat, semi transparent, translucide ou ponceux. Son grain de
peau est particulier, évoquant le velours d’une pêche, le satin d’une
peau délicate ou la douceur d’une surface cirée… La lumière offre au
regard toute une gamme de jeux optiques grâce aux semi transparences,
aux modulations des couleurs et des épaisseurs de la matière, à ses
reliefs et aux tailles ou polissage.
Une histoire discontinue :
Pline et d’autres écrivains de l’Antiquité rapportent que l’on couvrait alors les murs et les plafonds de pavés de pâte de verre de
diverses couleurs. Il s’agissait de mosaïque mais aussi de pièces de
plus grandes dimensions. On sait aussi que la maîtrise de l’art du verre
par les artistes de l’Antiquité à Rome était telle qu’ils étaient
capables d’employer alternativement du verre opaque et du verre
transparent sur des pièces décoratives ou utilitaires. Ils étaient très
habiles également dans l’imitation des pierres fines.
Au début du 18ème siècle, la pâte de verre connut un regain d’intérêt : S.A.R. Monsieur le Duc d’Orléans, alors régent, encouragea la redécouverte de la pâte de verre, il suivit les recherches du chimiste Hamberg, qui mit à jour de nouveaux procédés pour réaliser des pâtes de verre. Mais c’est à l’Art Nouveau que l’on doit la renaissance de la pâte de verre.
Vers 1880, quelques artistes cherchaient une matière fusible que l’on
puisse travailler comme une sculpture. C’est Henri Cros qui redécouvrit
la pâte de verre,
après de multiples expérimentations. Parallèlement, d’autres artistes
développèrent des procédés particuliers pour produire cette matière.
C’est le cas d’Albert Dammouse, qui réussit à affiner la matière et
allégea le décor. François Décorchemont, quant à lui, réalisait des
pièces inspirées de la nature, dans des couleurs riches en nuances. Il
pratiquait la technique de la cire perdue. Amalric Walter, engagé par
les Frères Daum en 1904, maîtrisait parfaitement la technique de la pâte de verre et
a réalisé des pièces au décor végétal ou animalier, souvent à partir de
décors d’Henri Bergé (chef décorateur chez Daum), contribuant au succès
de l’Ecole de Nancy.
Une technique originale :
Pour en apprécier toutes les subtilités, encore faut-il connaître la technique de la pâte de verre.
1 – La technique de la fonte à cire perdue :
Cette technique s’adapte en principe à tout sujet, à toute forme et
permet des détails. L’artiste réalise son projet en cire de fonderie ou
le reproduit par moulage. Il est ensuite placé dans une boîte, dans
laquelle on coule du plâtre réfractaire spécial pour constituer le
moule. La cire pour la fonte est ensuite préparée pour être coulée dans
du Plâtre Spécial Fusion résistant à de hautes températures. Le PSF
obtenu est étuvé par vapeur d’eau dans une « décireuse » et la cire
recyclée.
2 – Préparation du four et cuisson :
Le verrier va choisir quel type de verre il va utiliser, calculer la
quantité nécessaire, le nettoyer et le déposer, soit à même le PSF, soit
dans un pot percé en terre posé sur le PSF. Ce verre est réduit en
poudre, on y adjoint éventuellement des sels de plomb pour obtenir du
cristal. Puis le verrier va établir la courbe de cuisson adaptée à sa
pièce et lancer le four. La conduite du four doit être très précise et
la cuisson est effectuée par paliers, cela pour empêcher les accidents
de cuisson et les fissures. Le verre, généralement du cristal, est porté
jusqu’à la température de fusion, autour de 1000°, pour agglomérer les
grains. Le verre en fusion s’écoule dans le moule et remplace la cire
qui a fondu. Le moule est refroidi pendant cinq jours. Après
refroidissement on libère la pièce du moule. Le moule est détruit par un
moyen chimique ou mécanique.
3 – Parachèvement ou finition :
Après que la pièce soit dégagée du PSF, elle est nettoyée à l’eau. Son
système d’alimentation (évents si il y en a) et les imperfections
doivent être ôtées. Un travail de taille, de perçage, de « meulissage »,
de polissage, interviendra alors pour retrouver en partie la
transparence du cristal ou du verre. Toute intervention sur la peau de
surface entraîne automatiquement une réparation avec des machines outils
(scie diamantée, platine, tourets, machine à bandes…) et abrasifs.
C’est au parachèvement que le verrier donne à sa pièce l’aspect désiré
au départ. Le travail se fait toujours sous eau pour éviter un choc
thermique.
La pâte de verre se prête au moulage et à la sculpture, d’où l’importance du travail de finition.
Ne pas confondre pâte de verre et
verres opaques. Un usage impropre du terme pâte de verre s’est
développé en raison de l’aspect parfois proche de ces deux types de
verre. Les verres opaques sont composés de plusieurs couches, dans
lesquelles des poudres d’émaux colorés sont incorporés au cours de la
cuisson. Or, il existe une grande différence entre les procédés de
fabrication de ces verres soufflés et la véritable pâte de verre.